La série “The Boys” change radicalement la perspective que nous avons des héros.
Les super-héros ! Ils sont aujourd’hui un élément classique des séries aux thèmes fantastiques, en plein essor grâce aux comics et à leurs adaptations audiovisuelles. Les super-héros sont des personnages idéalisés dotés de pouvoirs surnaturels mis en scène face à leurs antagonistes naturels : les supers-vilains.
Les termes eux-mêmes laissent déjà deviner une évidence : ce type d’histoire dépeint une conception manichéenne et simplifiée du monde, destinée, on l’imagine, à un public jeune.

Ce format d’histoire rencontre néanmoins un succès considérable dès les années 40, avec des héros renommés comme Superman, Wonder Woman ou Batman chez DC Comics ou encore Spiderman ou Thor chez les studios Marvel. On retrouve chez ces personnages les mêmes caractéristiques : le courage, la force, la détermination, et un sens développé de la justice, entre autres. Certains héros se veulent davantage complexes que d’autres : on peut alors citer Iron Man, alias de Tony Stark, un ingénieur et le patron d’une multinationale de l’armement, et qui se révèle être un personnage complexe, plutôt égocentrique et hautain, ce qui teinte davantage l’image du héros qu’on lui attribue habituellement. Mais malgré cette volonté assez récente de rendre l’univers des super-héros plus nuancé, celui-ci ne l’est en grande majorité pas assez, désintéressant alors les amateurs d’histoires au fond davantage complexe.

C’est dans ce contexte de personnage ou gentils, ou méchants, qu’apparait pour la première fois la bande-dessinée américaine intitulée « The Boys ». Elle est d’abord éditée chez DC Comics, mais la maison d’édition est assez gênée par le ton général de la série et arrête son contrat au bout de seulement six épisodes. Le scénariste britannique du comics, Garth Ennis, déclarera alors que le changement de maison d’édition, pour migrer vers Dynamite Entertainment, était un bien pour la série qui leur avait conféré plus de liberté d’expression.
Mais si ce changement de maison d’édition a été effectué, c’est que derrière cette série se cachait un véritable changement de perspective : elle incarne une satire parfaite des super-héros. En effet, les héros y sont dépeints en personnages détestables aux défauts humains exacerbés. Si on ajoute à ce versant de l’histoire une grande violence (inhabituelle dans des comics censés être tout public), on obtient une œuvre plus sombre dont DC Comics ne voulait pas à juste titre, en vertu de l’image du héros bon et courageux qu’ils revendiquent.

L’histoire de The Boys s’articule autour du personnage de Hughie Campbell, un Américain lambda dénué de pouvoirs qui verra sa petite amie tuée dans un accident par un membre des « Sept », un collectif de héros formé par la société Vought. Ces “héros” ne sont en fait rien de plus que des produits marketing, construits de toute pièce par des conseillers en communication. Le personnage principal découvrira alors comment cette affaire a été étouffée pour ne pas nuire à l’image des héros… c’est ainsi qu’il développera une haine et une soif de vengeance qui l’amèneront à rencontrer un Australien nommé Billy Butcher : celui-ci l’aidera dans sa quête de vengeance contre la société Vought.
Au fur et à mesure que la série avance, les héros se voient révélés comme des personnes de plus en plus imparfaites de par leurs secrets et facettes parfois très sombres et détestables.
