Enjeu de santé publique, le président de la République Emmanuel Macron met en avant l’idée d’une nation sportive pérenne. « Le sport-santé, c’est un enjeu majeur de santé publique et même de durabilité de nos modèles sociaux et économiques », développe l’athlète Stéphane Diagana. En effet, en plus du Tour de France, des Internationaux de France de tennis Roland-Garros ou encore du tournoi des six nations, la France a mis sur pied la coupe du monde de rugby en 2023, et s’attèlera à organiser cet été les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Mise en oeuvre du projet

Après avoir essuyé plusieurs échecs en présentant sa candidature et l’ayant déclaré officiellement le 23 juin 2015, la ville de Paris obtient le 13 septembre 2017, l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) d’été de 2024.
Depuis lors, les politiques s’accordent, tout bord confondu pour préparer le plus efficacement possible les Jeux. Mais pas une semaine ne passe sans qu’un article de presse ne paraisse sans mentionner l’organisation de l’évènement et ses polémiques. A l’instar d’un agenda médiatique mis en orbite des Jeux, les politiques territoriaux comme nationaux espèrent pouvoir tirer profit de l’évènement annoncé comme historique pour la France.
Pour cause alors que l’ensemble des chantiers semblent être “dans les temps”, il est source d’espoirs dans le monde politique francilien et français.
Les JOP: fédérateurs pour une transformation de la France ?

Comme en 1924 lorsque Paris était également en charge des Jeux Olympiques d’été, il est question de réutiliser des infrastructures déjà présentes. Toutefois ces Jeux, réels moteurs de la transformation d’un territoire, ont permis de moderniser des quartiers parisiens et de populariser le sport.
Selon Emmanuel Bayle, professeur à l’université de Lausanne, les JOP peuvent devenir “un catalyseur d’un projet global de transformation politique, économique et sociale”. Dès lors, les retombées directes sont réelles pour les parisiens: Grand Paris Express, dépollution et baignabilité de la Seine, la porte de la Chapelle réaménagée et un certain nombre d’avenues et de rues parisiennes redessinées afin d’être conformes à des exigences urbaines de mobilité douces et d’écologie. Pour les français ils se traduisent par le financement de la rénovation d’équipements sportifs de proximité ou encore la construction d’équipements urbains dans des quartiers dits populaires notamment en Seine-Saint Denis.
En élargissant l’impact des Jeux à l’avenir, ils pourraient être à l’origine d’une cohésion nationale, d’un rayonnement international et culturel engrangeant des visites touristiques et des investissements ou encore à travers une politique sportive et inclusive nationale durable.
Les retombées économiques sont par ailleurs mises en avant par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP).
Un intérêt économique ?
Tous les espoirs sont alors posés sur de potentielles retombées économiques à travers le secteur touristique.

Un rapport d’information transpartisan de l’Assemblée Nationale datant de l’année passée, tente alors de définir les contours de ces retombées et établit trois constats sur les revenus économiques touristiques des JOP.
- Le premier est celui de la difficulté à les calculer précisément en raison d’effets positifs comme négatifs: des impacts financiers sur des secteurs identifiés tels que l’hôtellerie-restauration, une ville congestionnée, des touristes habituels privilégiant une autre destination, les JOP « n’auront pas d’impact positif sur le tourisme » conclut le directeur de France Tourisme.
- Le second reprend les estimations du Centre de droit et d’économie du sport (CDES) ayant établi dans le cadre d’une étude d’impact trois scénarios de retombées matérielles des jeux allant de 5 à 10 milliards d’euros. Malgré cela, l’ancienneté du rapport (2016) et sa large fourchette crée des doutes sur la sûreté des revenus liés aux Jeux.
- Le troisième se tient à l’accélération à travers les JOP de l’amélioration de « l’expérience touristique ». En pratique, cela passe par une volonté de la mairie de Paris d’être la ville « qui accueille le plus au monde mais aussi le mieux au monde » avec une conception de l’évènement comme accélérateur de transformation de la ville. L’état français de son côté met en place un plan “Destination France” afin de pérenniser le secteur touristique.
D’autre part, des départements se sont indignés du coût jugé faramineux par les territoires pour le simple passage de la flamme olympique en province. Le Comité International Olympique (CIO) requiert ainsi 180 000€ (toutes taxes comprises) par département lorsqu’initialement celui-ci était fixé à 80 000€. Outre le prix apparaissant inéquitable au vu de budgets différents selon le vice-président du département de la Haute-Vienne, le jour de passage de la flamme olympique imposé par le COJOP est également à l’origine de critiques. Ce dernier se défend néanmoins en expliquant que ces prix sont semblables à des événements tels que le Tour de France.
Des Jeux globalement dans les temps.

“On sera prêts” s’efforcent alors de marteler Anne Hidalgo, maire de Paris et Amélie Oudéa-Castéra, ministre en charge des Sports et des JOP. L’inauguration du village des athlètes a effectivement eu lieu fin février par le président avant celle de l’Adidas Arena mi mars par la maire de Paris. Deux sujets semblent cependant perturber les festivités: les questions des transports et à moindre mesure de la sécurité.

Concernant la problématique des transports, il semble que tout soit mis en oeuvre pour que la circulation soit la plus fluide. Ainsi le site gouvernemental anticiperlesjeux.gouv.fr a par exemple été lancé dans l’objectif de conseiller les franciliens et habitants de villes hôtes des Jeux d’anticiper l’évènement avec une méthode des 4D (Diminuer, Décaler, Détourner et Dévier). En effet, le défi est de taille pour les organisateurs qui devront gérer 600 000 spectateurs et 200 000 accrédités (journalistes, athlètes…) quotidiens sur les lignes en direction des sites olympiques.
Le deuxième enjeu relève aussi du défi pour sécuriser la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques puisque l’évènement rassemblera plus de 320 000 spectateurs, 50 000 dans les fanzones et 200 000 dans les immeubles donnant sur la Seine. Or le dispositif de sécurité annoncé par le ministre de l’Intérieur répond point par points aux difficultés pouvant être rencontrées. “En cas de menace potentielle” le président a d’ailleurs assuré avoir prévu “des plans B et C” pour cette cérémonie.
Mise sous le tapis de la question humanitaire.
Etudiants délogés du Crous à Paris, boîtes à livres des quais de Seine démontées et départements inégaux face aux coûts d’organisation un certain nombre de débats surgissent régulièrement dans la presse auxquels s’empressent de répondre l’exécutif ou la mairie de Paris pour calmer les polémiques.
Ainsi, source d’interrogations pour les associations humanitaires et d’aides au logement, le gouvernement souhaite et a demandé aux préfets d’étudier l’évacuation de sans-abris de la région parisienne (abris de sans domicile fixe, campements de migrants).
Un “nettoyage social” entraînant des “expulsions forcées” de la capitale est ainsi dénoncé par le tissu associatif (la Fondation Abbé-Pierre, Le Revers de la médaille regroupant Médecins du monde, le Secours catholique et Action contre la faim…). Alors que l’exécutif promet de créer 200 places de logements, l’annonce est à nouveau critiquée par les ONG qui aident 3 500 sans-abris parisiens.
La défenseure des Droits a enfin décidé de s’ “autosaisir” du problème des 2 000 logements étudiants parisiens réquisitionnés et de l’évacuation provisoire des sans-abri. Claire Hédon précise par ailleurs que cette autosaisine veillera à faire respecter les libertés et droits individuels avec a fortiori la question de l’usage de l’intelligence artificielle intégrée au dispositif de sécurité et de restriction des manifestations.
Championne du monde olympique de greenwashing ?
Nonobstant un partenariat avec la compagnie Coca Cola “championne du monde” de pollution plastique et le groupe bancaire BPCE notamment pointé pour le financement d’énergies fossiles, la France se targue d’avoir les jeux les plus écologiques de l’histoire. La promesse de Jeux populaires et écologiques était effectivement un critère de sélection pour la France.
De manière concrète, cela passe entre autres par une hyper proximité des sites, une méthode innovante de construction du bâti plus éco-responsable et la mise en avant de modes de transports en communs “doux” pour le climat.

De surcroît, la volonté de réduire l’empreinte carbone des jeux se concrétisera par la réduction des déchets plastiques et le gaspillage alimentaire ou par l’approvisionnement en électricité renouvelable.
Selon le site touristique Explore France, les JO parisiens émettront dès lors moitié moins de CO2 que les précédents grâce à l’ensemble des mesures prises par le COJOP et celui-ci souhaite faire de ce rendez-vous un événement « à impact environnemental positif » en compensant à plus forte raison l’empreinte carbone que les Jeux aura émise.
Coup de communication politique ou réelle prise en compte de la question environnementale selon le point de vue de lecture, la question annonce néanmoins l’avancée des questions écologiques dans les consciences, débats et choix de désignation du pays organisateur des JO.
Forte d’une organisation réussie de JO d’été “verts”, la France semble avoir de plus obtenu les JO d’hiver de 2030, sur les mêmes promesses de réutilisations de sites préexistants, après la mise à l’écart des candidatures suisses et suédoises par le CIO.