Si je vous disais qu’il y avait eu en 1936, en pleine Allemagne nazie, des Jeux Olympiques à Berlin ? Invraisemblable, non ? Pourtant c’était bien le cas, et le but était pour Adolf Hitler de faire sa propagande et de montrer que la “race aryenne” était supérieure aux autres. Car oui, le sport est un instrument géopolitique. Depuis plusieurs décennies, c’est l’Arabie Saoudite qui s’adonne à la politique du “sportwashing”. De sa traduction, c’est un blanchiment de certains actes par le sport. En effet, les droits humains sont bafoués, ceux des femmes réprimés, tout comme les droits d’expression et d’opinion. Aussi, il est possible de citer l’absence de droits LGBTQIA+, l’homosexualité étant considéré comme un crime.
Si nous avons des fans de football parmi nos lecteurs, vous n’êtes pas sans savoir que l’Arabie Saoudite est en bonne voie d’accueillir la Coupe du Monde de Football Masculin de 2034. Outre cette nouvelle qui en a secoué plus d’un, il n’est néanmoins pas nouveau que ce pays investit massivement dans le football, et ce n’est pas sans raison. En 2016, le prince héritier Mohammed Ben Salmane avait dit vouloir diversifier l’économie saoudienne, très axée pétrole (en même temps, vu la géographie, c’est logique me direz-vous). Ce plan est appelé “Vision 2030”. Il n’est alors plus rare de voir les acquisitions de la part du Fonds d’Investissement Public de l’Arabie Saoudite (Public Investment Fund ou PIF). Entre le rachat du Newcastle United Football Club en 2021 pour 350 milliards de dollars et le transfert de nombreux joueurs pour ses clubs, l’Arabie Saoudite se montre friande de football. Neymar Jr qui est parti pour le club de Al-Hilal, Ronaldo pour celui de Al-Nassr ou encore Benzema pour Al-Ittihad, ces transferts deviennent monnaie courante pour le pays, qui essaye de redynamiser et d’améliorer ses équipes de football, ainsi que de transformer ses joueurs en égéries du football saoudien.

Par ailleurs, la facture de l’organisation de la Coupe du Monde risque d’être sévère, tant financièrement (constructions de stades et de nouvelles structures) qu’environnementale (pollution due à ces travaux, risque de climatisation des stades car la température peut avoisiner les 50 degrés).
Aussi, le monde de la Formule 1 est fortement impacté par l’Arabie Saoudite. Le sponsor Aramco notamment, compagnie pétrolière saoudienne, collabore de longue date avec l’écurie Aston Martin. Présent dans le nom complet de l’écurie (Aston Martin Aramco Cognizant), le revendeur d’hydrocarbures est le deuxième actionnaire de l’écurie, avec 17,92 % des actions, contre 21,06 pour son propriétaire et principal actionnaire, Lawrence Stroll (a racheté l’écurie en 2018, investisseur et milliardaire canadien). Aussi, Djeddah accueille chaque année le Grand Prix d’Arabie Saoudite, comme c’était le cas cette année du 7 au 9 mars.

Avec Bahreïn, ce sont les deux pays qui ouvrent encore en 2024 la saison de Formule 1, après un peu plus de 3 mois de break hivernal. Néanmoins, ce n’est pas tout. En effet, Au courant 2015, le PIF avait aussi voulu racheter les droits de la Formule 1, faisant une offre à près de 20 milliards de dollars à Liberty Media. C’est d’ailleurs l’entreprise de médias qui va populariser, en investissant dans les réseaux sociaux et Netflix, avec la série mondialement connue Formula One : Drive to survive. C’est par cette série que l’audience de la F1 a explosée en 2017, battant des records depuis. Le plan “Vision 2030” inclura aussi la F1, avec un nouveau circuit dans la ville de Qiddiya (ville d’environ 366km2, qui sera dédiée au divertissement).


Nommé le Qiddiya Speed Park, ce circuit devrait comporter 21 virages et un dénivelé atteignant les 100m. Le Grand Prix d’Arabie Saoudite étant prolongé sur le calendrier de la F1 jusqu’à 2027 pour le moment, il serait dans l’objectif de l’Arabie Saoudite de garder le Grand Prix de Djeddah (échéance très attendue dans le pays, et dont le PIF a énormément investi pour le moderniser), et ainsi ajouter celui de Qiddiya. La Formule 1 est alors un moyen pour l’Arabie Saoudite de redorer son image.
Par ailleurs, dans le projet “Vision 2030”, il est possible de parler du projet NEOM. Connu pour son architecture folle (ville sur une longueur de 500m), il a été choisi pour accueillir les Jeux asiatiques d’Hiver 2029. Dans une ville construite de A à Z, les Jeux devraient se dérouler dans la partie la plus montagneuse (renommée Trojena, avec des chalets, pistes de ski et autres infrastructures qui devraient finir d’être construits en 2026).

L’Arabie Saoudite, par sa politique de sportwashing, s’est de nombreuses fois retrouvée sous les feux des médias. Outre ses investissements dans de nombreuses filières sportives, ses tentatives d’accueillir des évènements majeurs montre l’importance du sport dans l’économie et la politique du pays. Néanmoins, ce sportwashing pourrait paraître à contre sens, car il est impossible d’oublier les crimes qui sont continuellement perpétrés dans ce pays.