La “Box Of Rules”, une initiative féministe à SPC.

Depuis septembre, un projet engagé a été mis en place par deux élèves de Terminale afin de subvenir aux besoins hygiéniques de filles n’ayant pas forcément la possibilité d’en obtenir ou simplement ayant oublié les protections chez elles. 

Plus qu’un problème d’échelle locale, la précarité menstruelle est un défi universel, également d’ordre national.

Image des collages féministes de Lyon.

La précarité menstruelle à l’échelle nationale et les mesures prises.

La précarité menstruelle est la difficulté ou le manque d’accès des personnes réglées aux protections hygiéniques (serviettes, tampons…) par manque de moyens. C’est un problème qui a été mis en lumière il y a peu… manger ou se protéger ? 

Aujourd’hui, on comptabilise 1,7 millions de femmes victimes de ce phénomène dû aux coûts des protections qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années.

Par exemple, aujourd’hui dans les grandes surfaces, un lot de 12 serviettes hygiéniques vaut environ 9 euros : ce qui peut paraître excessif pour certaines femmes qui sont obligées de dépenser de grosses sommes pour se protéger.

Niveau chiffres, c’est aujourd’hui 1,7 millions de femmes d’après le Ministère de la santé qui sont incapables de subvenir à leurs besoins menstruels. Plus précisément, ce sont des femmes sans domicile fixe, étudiantes ou incarcérées les plus touchées (étude de l’IFOP hygiène et précarité en France). 

Au cours de sa vie, une femme ayant des flux normaux devra dépenser environ 4000 euros pour subvenir à ses besoins menstruels, en prenant en compte qu’elle change sa protection toutes les 4 heures. Malheureusement, toutes les femmes n’ont pas le même flux sanguin. Par exemple, certaines ont un flux très abondant ce qui signifie qu’elles doivent  changer de protection toutes les heures et donc en utiliser énormément au cours d’un cycle : les dépenses deviennent donc quotidiennes. 

Evidemment, il n’existe pas uniquement les serviettes ou les tampons comme protections hygiéniques : il existe maintenant des “cup” ( appareil de protection hygiénique destiné à collecter le sang qui coule du vagin)  ou des culottes menstruelles qui sont réutilisables. Ceux-ci permettraient donc aux femmes de réutiliser leurs protections et donc d’économiser de l’argent. Cependant, pour les femmes sans domicile fixe, il est impossible de faire usage de ces protections puisqu’elles doivent être lavées pour être réutilisées.

° L’Etat a saisi ce problème de société et met en place des mesures.

 En effet, deux femmes politiques, Marlène Schiappa et Christelle Dubos ont annoncé lors d’un communiqué de presse le 17 septembre 2020 que “ Ce rapport fait notamment de la lutte contre la précarité menstruelle et de l’accès de toutes les femmes aux protections hygiéniques une priorité.” De plus, le communiqué relate que l’Etat annonce l’expérimentation dès 2020 de la gratuité des protections hygiéniques dans plusieurs lieux collectifs et qu’1 million d’euros seront versés pour cette action. Cette initiative a permis de mettre en avant le problème de la précarité menstruelle et de faire un premier pas vers la gratuité des protections périodiques.

De plus, grâce à  Marlène Schiappa et Brune Poirson, nous retrouvons de plus en plus de protections, souvent bio, dans des lieux publics comme les lycées et universités de toute la France. C’est en Île-de-France que la lutte a pris le plus d’ampleur avec l’obligation pour les lycées franciliens d’avoir des protections à dispositions des étudiantes. 

° Des associations contre la précarité menstruelle

D’autres organismes agissent également contre la précarité menstruelle. Récemment une association a fait parler d’elle, il s’agit d’ADSF (Association pour le Développement de la Santé des Femmes), lors d’une collaboration avec la marque NANA et l’influenceuse @Mybetterself. Sur le compte instagram de l’étudiante, une photo a été postée et chaque partage en story représentait le don d’une boîte de protections hygiéniques. Il y a eu plus de 860 000 partages de la photo, soit plus de 100 000 dons faits par NANA à l’association.

Post de Mybetterself via Instagram

Il y a aussi de nombreuses associations qui souhaitent faciliter l’accès aux protections. Pour ce faire, elles organisent des collectes comme L’association des Règles élémentaires qui a installé  plusieurs points de collecte permanents dans la capitale mais aussi dans toute la France. Le principe est simple : il s’agit de récolter des produits d’hygiène intime et de première nécessité. La collecte à pour vocation d’être diversifiée afin que chaque femme en situation de précarité menstruelle puisse choisir la protection la plus adaptée à ses besoins.

Affiche de l’association des Règles Elementaires.

Interview de Tara, une des élèves à l’initiative de la “Box of Rules”.

J’ai posé plusieurs questions à Tara qui m’ont permis d’en savoir plus sur l’initiative de la Box of Rules. Mise en place par Tara Kostka et Clara Roehm, l’initiative a beaucoup fait parler d’elle au sein de l’établissement !

Qu’est ce qui vous a poussé, toi et Clara a réaliser ce projet ?

“Tout d’abord, notre projet initial était d’être déléguées, toutes les deux, de notre classe de 1ere. Suite à cela nous avons pensé à plusieurs petits projets que l’on pourrait mettre en place à notre échelle d’élèves. Après réflexion, la situation  d’avoir eu, ou  frôlé l’accident quand nous avions nos règles nous est toutes déjà arrivé  : que ce soit une panne de serviette hygiénique au mauvais moment ou une tâche imprévue. Alors le principe ayant déjà été créé dans d’autres établissements, on s’est dit : “pourquoi pas à Saint Pierre Chanel?” Cependant, nous ne nous sommes pas  arrêtées ici, nous avons décidé de fabriquer nous même les boîtes ! En effet, j’ai confectionné les boîtes moi-même, avec l’aide de mon père. Pour la décoration, Clara s’en est très bien chargée. Pour le nom, nous y avons pensé à trois : Clara, Moi et une de nos amies. C’est à partir de là que la « Box Of Rules » est née.”

Le projet a-t-il été rapidement mis en place/accepté par l’établissement ?

“Nous avions fait une première proposition à l’établissement en novembre 2021. Le but était au départ de faire une boîte dans chacune des 5 toilettes de l’établissement. Nous nous sommes tournées vers M. Blanca qui nous a tout de suite prises au sérieux. Il nous a demandé de faire une fiche explicative du déroulé de notre projet. Malheureusement, le sujet n’a pas pris forme car l’établissement estimait que les collégiennes pouvaient jouer ou saccager notre travail. Mais sans se  décourager, un mois plus tard  l’affiche était faite et présentée à M.Blanca qui n’a mené à rien. Ensuite, il a fallu plus d’un an, suite à de nombreuses discussions pour que les choses se concrétisent enfin. Et enfin, c’est seulement cette année, que la boîte a enfin été installée dans les toilettes du B5 près de la cantine. Mais il a encore fallu du temps pour qu’elle soit réellement attachée au mur avec l’affiche à côté. Même si le projet a été accepté par l’établissement, c’était à nous de nous débrouiller pour faire la « pub » de notre boîte. Alors je tiens à remercier le compte Instagram de Spcnews pour l’avoir fait ! Cela nous a beaucoup aidé.”

Alors, tout le monde peut participer à cette action ? Et connaît-elle du succès ?

« Comme il est écrit sur l’affiche, évidemment que tout le monde peut participer à ce projet. Le but est de créer une entraide féminine et développer un sentiment de solidarité entre chacune de nous. Alors évidemment, les filles peuvent se servir mais aussi déposer quelques protections ! Le projet a beaucoup plu je crois bien. En effet,  les commentaires sous  la publication de Spc News, les filles nous remerciaient principalement et trouvaient l’idée géniale. Alors,  merci du soutien à toutes et à tous, car oui, même les garçons trouvaient l’idée géniale ! »

Voici la fameuse affiche de la Box Of Rules !

Article par Romane Livoir – 14 Novembre 2022.

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