Neuralink : Un progrès technologique inquiétant ?

Vous connaissez sûrement Elon Musk, notamment pour la direction de l’entreprise Tesla, SpaceX, Starlink, ou encore par sa co-fondation d’OpenAI et bien d’autres choses. C’est il y a quelques années qu’il co-fonde Neuralink, une startup aux ambitions folles. Mais alors, quelle est cette entreprise, et pourquoi est-ce qu’elle fait autant parler d’elle ?

elon musk neuralink
Elon Musk – Futura-Sciences

Les fondements de Neuralink.

En 2015, un certain Pedram Mohseni, enseignant à la CWRU (Case Western Reserve University) et Randolph Nudo du KUMC (Kansas University Medical Center) s’associent, et créent une startup qu’ils nomment « NeuraLink ». Les deux hommes présentaient un objectif clair et humaniste, créer un outil permettant de soigner les lésions cérébrales.

Pour cela, les deux chercheurs en neurotechnologie développent une idée sur laquelle Mohseni ruminait depuis 2011 : implanter une puce électronique dans le cerveau qui rétablirait les connexions cérébrales par un enregistrement des messages neuronaux et une transmission aux autres régions. Autrement dit, l’idée du professeur était d’imiter la discussion que pouvaient avoir les neurones dans le cerveau, aidant ainsi les victimes de lésions cérébrales à retrouver leurs fonctions cognitives. Ce projet fut d’abord mis à bien par de nombreuses expériences, notamment en 2013, avec des implantations de puces dans des rats atteints de lésions cérébrales. Des expérimentations qui présentent des résultats significatifs : les rongeurs montrent une amélioration de leurs capacités cérébrales.

En manque de rentabilité pour la progression de leur projet, les deux neuroscientifiques font une levée de fonds sans franc succès. Seulement, cette dernière attira l’œil d’un acteur inconnu qui leur propose l’achat de leur nom d’entreprise pour un montant de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Les deux hommes acceptent après négociations, sans savoir que l’identité de l’acheteur n’était d’autre que celle d’Elon Musk.

En 2016, Musk s’associe avec un certain Max Hodak, un entrepreneur aux sociétés multiples, pour « créer » le projet « Neuralink » variance de l’initial « NeuraLink ». Ralliant de nombreux spécialistes dans les domaines du cérébral et technologique, l’entreprise reprend l’idée des neuroscientifiques : donner de l’aide aux personnes atteintes de handicap comme la paralysie avec la technologie d’une puce électronique implantée dans le cerveau.

« Créer une interface cérébrale généralisée pour redonner de l’autonomie à ceux dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits aujourd’hui et libérer le potentiel humain de demain. » – neuralink.com

Mais depuis quelques années, la compagnie a traversé plusieurs polémiques qui dénoncent notamment son mode de fonctionnement pour la mise à bien du projet.

Quel est leur mode opératoire ?

L’usage des appareils BCI (Brain–computer interface ou interface cerveau-ordinateur) de Neuralink se ferait dans le cortex moteur du cerveau. Une région cérébrale dans laquelle l’outil pourrait décrypter des intentions de mouvements, de parole…

La première puce électronique, nommée « Telepathy » fait environ la taille d’une pièce de monnaie de deux euros et se compose de plusieurs couches comportant notamment une protection biocompatible (acceptée par le corps), une batterie ou encore un système électronique s’occupant de la communication des signaux.

implant neuralink composition
Schéma de l’implant « Telepathy » – neuralink.com

Dès lors, l’implantation de cette sorte d’appareils pourrait donner aux personnes paralysées la possibilité de parler avec une voix synthétique ou encore de contrôler un personnage dans un jeu-vidéo par le décodage exact des actions imaginées par le patient, ou plus généralement d’utiliser un appareil connecté. Un but qui va même encore plus loin dans la fonction cognitive en visant l’interception de signaux émotionnels, de raisonnement et bien plus.

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Schéma de l’implémentation de la puce – LeParisien

Cependant, toutes ces aspirations de Neuralink nécessitent d’être testées pour voir leur fonctionnement et leur efficacité. C’est ici que l’entreprise rentre dans les polémiques.

Au cœur des interpellations du public, avec des expériences sur des animaux ou encore rappelée sur les questions d’éthique, Neuralink se voit fortement controversée.

En relation avec l’agence Reuters, des employés et ex-employés dénoncent les méthodes de l’entreprise vis-à-vis des animaux. Au travers des expériences, Neuralink aurait causé la mort d’environ 1500 animaux depuis 2018 dont des moutons, porcs, singes, rats et souris. Les témoins mentionnent des « erreurs humaines » qui auraient « entrainé la mort d’animaux » ainsi qu’une impatience du milliardaire et un milieu stressant pour l’avancement du projet. Une enquête fédérale a été ouverte et est toujours en voie d’examen.

Des ambitions au-delà de la médecine ?

Bien que présentant un objectif initial purement médical, le milliardaire avance sa motivation de surmonter ce domaine à l’avenir.

En effet, Elon Musk projette de « déverrouiller » les fonctions cognitives de l’homme et de créer une « symbiose avec l’IA » (Intelligence Artificielle). L’entrepreneur émet aussi l’idée de vouloir donner aux personnes non handicapées la possibilité de se faire placer une puce dans le cerveau dans les années qui viennent.

L’homme d’affaires a publié en ligne le 21 mars dernier que « l’implant Blindsight (autre puce de Neuralink) fonctionne déjà chez les singes ». En détails, la compagnie serait parvenue à rendre la vue à des primates atteints de cécité (déficience visuelle, perte de vue). Musk décrit que « La résolution sera d’abord faible, à l’instar des premiers graphismes de Nintendo, mais elle pourrait à terme dépasser la vision humaine normale ». A nouveau, le PDG de Neuralink affirme sa volonté d’étendre son projet au-delà de la médecine, tout en se défendant vis-à-vis des accusations de maltraitance animale sur son réseau social X (Anciennement Twitter).

blindsight neuralink
Twitter de Elon Musk

Elon Musk n’hésite même pas à faire référence à la célèbre série Black Mirror qui met en scène de nombreuses dérives de la technologie développée aujourd’hui. Il mentionne la possibilité de « sauvegarder vos souvenirs, et aussi potentiellement les télécharger dans un autre corps ou dans un robot », digne d’un scénario de la série.

L’objectif initial : l’homme.

En janvier dernier, Neuralink annonce avoir implanté pour la première fois, une de leurs puces BCI dans un humain. L’homme paralysé, une fois rétabli de l’opération, se montre capable de contrôler une souris sur un ordinateur. Il démontre même cela via une partie d’échecs en ligne (vidéo ci-dessous).

Chaîne YouTube de Neuralink

La création d’un nouveau secteur mêlant technologie et médecine ?

Neuralink n’est pas la première ou l’unique société ayant réussi cette prouesse technologique, mais elle contribue néanmoins fortement à la démocratisation du projet d’implant. La startup de Musk a même levé récemment 323 millions de dollars en ambitionnant la guérison de maladies psychiatriques dont la dépression et la possibilité de rendre une vision totale aux personnes aveugles.

En septembre 2023, la société Onward Medical communique l’implantation d’un « interface cerveau-ordinateur » (BCI) dans un humain. Une intervention médicale qui vise à décoder les pensées du patient paralysé, assisté par l’IA, afin de l’aider à retrouver ses capacités motrices.

L’implant BCI Onward Medical – ZoneBourse

L’Institut grenoblois Clinatec a présenté en 2019 un implant donnant à un patient tétraplégique la capacité d’animer un exosquelette et de bouger ses membres.

Ce domaine en « développement » semble ainsi être un enjeu important pour quelques entreprises technologiques. Un milieu qui risque d’impacter notre futur.

Faut-il craindre notre futur ? (Conclusion)

Les avancées de Neuralink présentent des progrès technologiques significatifs qui risquent de changer notre façon de vivre dans les années à venir. Une fois mis à bien, ce projet sera un pas dans le domaine scientifique avec un impact considérable. Avec le développement de l’IA et le rapprochement croissant des hommes vis-à-vis des appareils connectés, on peut envisager un futur de réelle et presque totale « cohabitation » avec ces outils, si ce n’est pas déjà en cours de réalisation. Aux limites de l’éthique et soulevant de nombreuses questions, Neuralink n’a pas fini de faire parler d’elle.

Pour aller plus loin (menu déroulant) :
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