Le sport : entre éthique et politique.

Avec une large audience, les grands événements sportifs mondiaux comme les Jeux Olympiques, les différentes Coupes du Monde ou encore les Grands Chelems de tennis représentent pour les nations organisatrices une occasion unique d’améliorer leur image à l’échelle internationale et de dynamiser leur économie, principalement en promouvant le tourisme. Toutefois, certains États utilisent ces compétitions pour mettre en avant les idéologies politiques du gouvernement en place, comme le fit le régime nazi d’Hitler lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

J.O. de 1936 – RTS

La corruption.

Pour accueillir les plus grands événements sportifs internationaux, les États doivent soumettre leur candidature auprès des différentes organisations internationales concernées (FIFA, CIO, ATP, etc …). Dans cette candidature, les nations doivent détailler leur projet, en précisant notamment le nombre d’infrastructures qu’elles souhaitent construire ou encore les différents moyens d’acheminement des visiteurs. Elle doit également être étayée par des chiffres, comme une estimation du bilan carbone total engendré par la compétition, ainsi que d’autres indicateurs pertinents.

Les différentes candidatures sont ensuite étudiées et classées en fonction de plusieurs critères, tels que la logistique ou encore l’impact environnemental du projet. La proposition la mieux classée est normalement retenue ; cependant, certains pays, ne présentant pas les meilleurs projets, sont parfois sélectionnés.

Pour y parvenir, certaines puissances n’hésitent pas à transgresser les règles des organisations en s’arrangeant secrètement et en versant des pots-de-vin à des représentants, afin, en quelque sorte, « d’acheter leur vote ». En 2015, une enquête sur la FIFA, conduite par le FBI et le ministère de la Justice des États-Unis, a révélé de multiples actes de corruption. Ces affaires concernaient l’attribution des Coupes du Monde de football de 2018 en Russie et de 2022 au Qatar, entraînant parfois des compétitions organisées dans des conditions inadaptées, voire dangereuses.

Un humoriste anglais jette des billets sur l’ancien président de la FIFA Sepp Blatter lors d’une conférence de presse – Ouest France

Les dangers climatiques.

Pour maximiser les profits, les pays hôtes mettent en valeur leur territoire afin de le rendre attractif aux yeux des spectateurs. Certains événements se déroulent donc en période estivale afin de présenter des paysages ensoleillés et des conditions idéales.

Néanmoins, ces conditions ne sont parfois pas adaptées à la pratique intensive du sport, ce qui met en péril la santé des sportifs. Lors de l’Open d’Australie, qui se déroule chaque année à Melbourne au mois de janvier, les températures atteignent régulièrement 35 à 40 °C. Pour éviter ces chaleurs extrêmes, plusieurs tournois proposent des « night sessions » (sessions de nuit), permettant ainsi à certains sportifs de jouer lorsque le climat est plus doux. Cependant, les matchs peuvent durer de longues heures et se terminer au petit matin, comme ce fut le cas à Roland-Garros en 2024, où un match s’était achevé après 3 heures du matin, provoquant une fatigue accrue pour les joueurs.

Bien qu’innovantes, les sessions nocturnes ne règlent donc pas complètement les problèmes climatiques, puisqu’elles peuvent troubler le sommeil des athlètes et impacter leur préparation.

Les night sessions à Roland Garros – Ouest France

Les ravages écologiques.

Avec l’objectif de donner la meilleure image de leur pays, les États hôtes de grandes compétitions sportives n’hésitent pas à construire des infrastructures flambant neuves sans qu’elles soient nécessaires. À la suite du rassemblement, ces équipements deviennent rapidement des « éléphants blancs », c’est-à-dire des infrastructures prestigieuses qui s’avèrent finalement plus coûteuses que bénéfiques et dont l’exploitation ou l’entretien devient alors un fardeau financier.

Ces infrastructures s’avèrent destructrices pour l’environnement, car elles anéantissent parfois des écosystèmes et génèrent énormément de pollution (forte empreinte carbone). Cette situation est constatée dans plusieurs pays, notamment en Grèce, où la majeure partie du site olympique des Jeux d’Athènes en 2004 a été abandonnée.

Piscine olympique des J.O. d’Athènes de 2004 abandonnée – Slate

Des financements critiqués.

D’un point de vue économique, l’organisation d’événements sportifs d’envergure internationale nécessite des investissements colossaux. Pour obtenir de tels moyens financiers, les organisations sportives peuvent compter sur le soutien de nombreux sponsors. Ces entreprises apportent des fonds pour financer certains événements sportifs en échange de publicités tout au long du rassemblement.

Toutefois, ces compagnies sont parfois complètement extérieures au milieu du sport, voire même en contradiction avec ses valeurs. Depuis des décennies, le sponsoring des Jeux Olympiques et Paralympiques par Coca-Cola suscite de nombreuses réactions controversées. L’enseigne de boissons américaine, dont les produits nuisent à la santé, semble aller à l’encontre des valeurs sportives et du régime des athlètes.

Le Monde

Conclusion.

L’organisation d’événements sportifs fait ressortir de nombreux défauts pouvant parfois porter atteinte aux valeurs sportives et rendre ces rassemblements éthiquement incorrects et absurdes. Cependant, le changement de certaines pratiques pourrait réduire ces problèmes, comme l’adoption de méthodes plus durables et la réglementation du sponsoring, dans la continuité de la loi Évin, en vigueur depuis 2021, qui interdit aux marques d’alcool et de tabac de sponsoriser toutes sortes d’événements accessibles à un public français, en France ou à l’étranger. De plus, une surveillance plus ferme des organisations sportives pourrait éviter des dérives éthiques.

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